Le Signe de la Lune

Trop chouette de voir Rufo et Artemisa partout dans la FNAC!!!

Au 12ème Expocomic de Madrid (qui se déroule du 10 au 13 décembre 2009), on connaît déjà les lauréats pour les prix "Meilleur album" et "Meilleur scénariste" : José-Luis Munuera et Enrique Bonet pour El Juego de la Luna ("Le Signe de la Lune") ! Et on à également été nominés vendredi dernier dans la Sélection Angoulême 2010 ! Dans la photo, Enrique, tout content, porte les deux prix à Madrid.

Sur la photo, le bouquin (au centre) et les auteurs (à gauche et droite). Il ne reste qu'un seul éléement pour que cette alchimie rare, ancienne, magique, de la lecture fonctionne, l'élément indispensable : le lecteur. Le lecteur qui fait la partie la plus difficile de tout le travail, donner avec son imagination de la vie aux pages, aux personnages, à l'histoire. Le livre est maintenant vôtre. Donnez-lui de la vie.

Le bouquin fini, il faut lui trouver une place dans les librairies : difficile exercice, ma foi ! C'est là que les services marketing et presse de l'editorial rentrent en jeu, pour essayer de donner un max de visibilité au livre. C'est tellement important pour un bouquin comme la bande annonce pour un film (on doit être honnête pour ne pas donner une idée trompeuse du "produit" -argh- en restant "attirant"), et voici quelques exemples.

Avant d'attaquer "Le Signe de la Lune", il m'a fallu mettre au point la technique graphique à utiliser. Je voulais absolument quelque chose de très "direct", spontané, mais avec une certaine densité visuelle... En profitant des "vacances forcées" entre notre Spirou 49 et le 50, j'ai passé plus de 6 mois à peaufiner une technique mixte de lavis à l'aquarelle et postproduction à l'ordinateur qui semblait combler mes objectifs. Je pouvais donc produire des dessins très aboutis assez rapidement, en fonçant sur la profondeur du champ visuel, l'atmosphère de l'image et la gestion de la lumière. Voici quelques exemples du travail de préproduction nécessaire...
J'ai même profité de quelques séquences oniriques sur ma série Nävis (avec Buchet, Morvan et Lerolle, chez Delcourt), pour faire des tests sur ladite technique :
© Delcourt et les auteurs

Tout a commencé avec eux, avec Pif et Guérisseuse. Et tout a commencé où commence normalement ces choses : dans les cafétérias où je passais mon temps les après-midis et les soirées avec mon ami intime Miguel Angel Parra. Il voulait dessiner des B.D, et devant une bière, il était capable de raconter les histoires les plus amusantes que je n’avais jamais écoutées : des histoires de son village et des personnages qui y habitaient. Ses dessins me fascinaient de la même façon que son monde villageois et rural. Miguel Angel voulait reproduire ce monde sur le papier mais il ne savait pas comment le faire… Et de cette façon, avec le monde de Aldea surgit un monde perdu et fictif qui se base sur les rites et les mythes de la société rurale traditionnelle ; une excuse parfaite pour écrire les histoires que Miguel Angel rêvait de dessiner.

Il y a eu des premières pages d’un scénario qui ne s’est pas dessiné, et Pif et Guérisseuse sont nés ainsi que de nombreuses esquisses de personnages qui n’ont jamais vu le jour. Mais le monde d’Aldea que j’ai crée pour mon ami avait suscité définitivement mon intérêt et m’avait encouragé à tenter ma chance en dessinant une autre histoire développée dans ce même entourage. Le point de départ ne pouvait être plus faible : une fillette fascinée par la lune et l’image inquiétante d’un puits abandonné.

De cette façon surgit « Le signe de la Lune » une B .D de 24 pages que j’ai moi-même édité en 1995 avec un ridicule tirage de 150 exemplaires que je répartissais parmi mes amis, éditeurs et amateurs qui me l’avaient demandé. Un de ces amis fut José Luis Munuera : lui aussi voulait dessiner des B.D, mais avec une différence, il voulait le faire réellement. Et pendant que Miguel Angel et moi passions notre temps à penser ce que l’on voulait faire, José Luis avait déjà dessiné d’un coup son premier album monographique (« Il n’y a pas de dimanches à l’enfer » une aventure de Charles Norton), et avait voyagé au Salon d’Angoulême et initié ses premiers contacts professionnels dans le marché francobelge. Et je ne vais pas vous raconter le reste de son histoire parce que vous la connaissez très bien…

Mais il semble que la lune, le puits et le monde d’Aldea avaient aussi attrapé José Luis depuis ce moment. Quand au bout de tant d’années je décidai de changer cette B.D de 24 pages en un album, je n’avais pas les idées trop claires sur si cela valait la peine : y avait-il un matériel suffisant dans cette courte histoire pour soutenir un scénario plus long et plus solide ? Nous avons commencé à développer les personnages qui apparaissaient plus esquissés dans l’histoire originale, à fortifier leurs relations et leurs motivations, à créer de nouveaux conflits et tournures dramatiques…

Bref, ce qui avant était une simple idée, maintenant cette idée prenait corps. Et des 46 pages nous sommes passés à 62 et puis à 130 pages. Et si tout cela marche bien, sans doute le monde d’Aldea continuera à grandir.

En ce moment, ce qui manque réellement c’est que notre ami Miguel Angel commence définitivement cette B.D que tous attendons… "Pif" dans la version de MIguel Angel (1995)

Un des éléments narratifs que j'ai travaillé le plus, à partir de l'excellent scénario d'Enrique, c'est le rythme visuel de la narration. J'ai joué avec le contraste entre des énormes cases (des splash-pages) avec d'autres où la case en soi et sa disposition est un élément de la structure rythmique du récit. Cela permet de donner un certain "tempo" à la lecture, et d'établir des relations "musicales" entre des séquences éloignées dans le récit, mais frères sur le découpage... Ici, deux pages d'une longue séquence "rythmique", dans sa version avant de travailler les lavis d'aquarelle et la lumière...

Notre histoire est racontée par une vieille dame, qui sert de prologue et d'épilogue au récit. La première version de ladite dame, étant trop cartoonesque (ma formation c'est 100 pour 100 caricaturale), on a dû virer notre vieille dame, trop aimable pour un récit si sombre, et en réinventer une deuxième, plus rigoureuse.... Elle n'est pas dans le livre, mais vous pouvez la découvrir ici :

Un petit ex-libris, chez Fantasmagories (Paris), qui fait parti des recherches de couverture...