Dargaud is one of the main comic publishers in Europe (what the frenchyes call "Bande Dessinée"- Drawing Strips). It's one of the many editorial houses- each one with a specific approach, style and editorial philosophy- owned by Media Participations, the huge comic group that sells millions of "Bande Dessinés" each year in France and Belgium, providing rights to the entire world.

The good thing about comics is that it's still a small business. Even this enormous publishing mogul called Media Participations remains a little family business by comparison with a multinational enterprise like, say, "Grandma Shoes" or "Tropical Pineapples". When compared to "Viagra", Media is an insignificant shop.

So, when you've been around for ten or fifteen years drawing funnies, you manage to know almost everyone in the shop. You can even meet the Big Big Boss, Monsieur CdSV, when in real trouble with one of his Companies, and if he realizes that you're truly nervous, he will allow you to smoke a cigarette in his office (if no one's looking: French laws against tabaquism are becoming as serious as American ones: I hope no policeman will read this lines or Monsieur CdSV and I could find ourselves sleeping together in the same jail... and I'm not sure he'd like the experience of living for ten years in an small space with one of his not so clean- never well shaved-hard smoking artists...).

I've been drawing comics professionally for fifteen years now, always for French or Belgium publishers, but most of my books, young-readers niche, have been published by one or another of the Media's divisions.

When Enrique and I decided to go on with a remake of "Le Signe de la Lune", it was logical to ask one of my editors in the house if it would interest them. The truth is that, at the beginning, I believed that this black and white, bizarre thing with dead kids, would never find a "professional" publisher and that we should self-publish it. I was already prepared for that, what the hell, because I'm not a comic-star, and I really wanted to draw this story.

So, at the insistence of my wife, who was less enthusiastic than me about the idea of working with no pay at all or even paying the printing from our purses, I sent the first pages to Francois Le Bescond, not really tall, self-contained, good tasted and never drunk editor of my now old Merlin's series (a sort of "what if the Monty Phytons meet Disney" five books nonsense series).

There wasn't a dossier. There wasn't a synopsis of the story. There wasn't a presentation of the concept. There wasn't a professional, respected writer by my side. There just was four or five pages and the words: "Francois, I'm going to make this stuff with my fellow Enrique. Very best, JL"

He reacted quickly and enthusiastically (by the way, enthusiasm is hard to obtain from this cold Celt type). In a Paris-Granada call, we decided to go on together: "It will have around 50 or 60 pages, Francois- I said, confident - it will be probably in color, and it will be finished for Christmas 2008".

Of course, on Christmas 2008 I had to admit before him (and before my wife, who loves the story but was afraid of the length it was taking) that the number of pages "will probably be a little bit more than predicted, maybe 80 or 90, but never more than 100", and that color "will not be appropriate to the atmosphere of the story", and that "forget to get book in January and think rather around March..." and, to his merit, Francois still hadn't got a single idea of what the story was about! He received finished pages without lettered balloons and I can't imagine what his idea of the story could be when "reading" those pages...

Even if none of my "sells-promises" was going to be respected, he never showed doubt or rejection. He remained supportive and patient, and still sent me confident letters when, many times during the process, I wrote him that "I really don't know if this is gonna be a glorious, oversized, piece of crap" or that "oh my god, I’m an ambitious B-series artist trying to prove something or what?" or that " I think this is gonna be a professional suicide for both of us". Editors should rather be psychologists, first aids against artistic depression, than anything other...

The book is finally in the stores, and I still don't know if it's going to sell more than five or six copies, or if it will interest someone. All I know is that it has been a lot of fun, a creative experience where Enrique and I have really done what we wanted to do, with the most incredible blind faith from our editor. What I still haven't said to Francois is that we planned to tell many more stories in this black and white, magical, rural, fascinating universe... not to my wife, either.

PS : pour les non-bilingues, voici la traduction en français...

Dargaud est un des principaux éditeurs de comics en Europe (ce que les Frenchies appellent « bande dessinée »). C’est une des nombreuses maisons d’édition – chacune ayant sa propre approche spécifique, son style et sa philosophie éditoriale – qui appartient au groupe Media Participations, le géant du comics qui vend des millions d’albums chaque année en France et en Belgique, fournissant des droits au monde entier.

Le côté positif de la bande dessinée est que c’est encore un petit “business”. Même cet énorme nabab appelé Media Participations reste une petite entreprise familiale en comparaison des multinationales comme, disons, « Grandma Shoes » ou « Tropical Pineapples ». Quand on compare au « Viagra », Media est une boîte minuscule.

Alors quand vous dessinez des « petits mickeys » depuis 10 ou 15 ans, vous apprenez à connaître presque tout le monde dans la boîte. Vous pouvez même rencontrer le big big boss, Monsieur CdSV, quand vous avez un problème avec une des maisons, et s’il découvre que cela vous rend vraiment nerveux, il vous autorisera même à fumer une cigarette dans son bureau (si personne ne regarde… la loi française contre le tabagisme est devenue aussi sérieuse que la loi américaine : j’espère qu’aucun policier ne lira ses lignes ou Monsieur CdSV et moi pourrions bien nous retrouver à dormir dans la même cellule… et je ne suis pas sûre qu’il goûterait l’expérience de vivre 10 ans dans un espace réduit avec un de ses artistes négligé-presque-jamais-rasé-et-gros-fumeur …)

Je suis dessinateur professionnel depuis déjà 15 ans maintenant, toujours pour des éditeurs français ou belges, mais la plupart de mes livres, à destination des jeunes lecteurs, ont été publiée par l’une ou l’autre des maisons de Media.

Donc à la demande insistante de ma femme, qui n’est rien moins qu’enthousiaste à l’idée de me voir travailler sans être payé du tout ou pire devoir payer l’impression de nos propres deniers, j’ai envoyé les premières pages du Signe de la Lune à François Le Bescond, le réservé-pas-si-grand-au-goût-sûr-et-jamais-bourré éditeur de ma (déjà vieille) série Merlin (cinq albums d’une série loufdingue du style « quand les Monty Pythons rencontrent Disney »)

Il n’y avait pas de dossier. Aucun synopsis. Pas plus que de présentation du concept. Ni de scénariste professionnel et respecté à mes côtés. Il y avait juste 4 ou 5 planches avec ces mots : « François, je vais faire ce truc avec mon copain Enrique. Amitiés, JL »

Il a réagi immédiatement et avec enthousiasme (à propos, l’enthousiasme est difficile à obtenir d’un Breton celte !). Dans un appel Paris-Granada, nous avons décidé de travailler ensemble : « Cela devrait faire environ 50 à 60 pages, François – ai-je dit, confiant – ce sera probablement en couleurs et l’album sera fini d’ici Noël 2008 »

Bien sûr, à Noël 2008, j’ai dû admettre devant lui (et devant ma femme, qui aime l’histoire du Signe de la Lune mais était effrayée par le temps que cela prenait) que le nombre de pages « serait probablement un peu plus que prévu, peut-être 80 ou 90, mais pas plus de 100 ! » et que la couleur « ne serait pas approprié à l’atmosphère du scénario » et qu’il fallait « oublier un bouclage en janvier, plutôt prévoir vers mars… » et, à son crédit, François n’avait toujours pas la plus petite idée du sujet du livre ! Il recevait les planches finalisées sans lettrage dans les ballons et je ne peux qu’imaginer ce qu’il pensait de l’histoire en « lisant » ces pages…

Même si aucune de mes “promesses de vente” n’allait être respectée, François n’a jamais montré le moindre doute ou la plus petite réticence. Il s’est montré patient et d’un grand soutien, toujours à m’envoyer des lettres confiantes même quand, très tard dans la réalisation de l’album, je lui écrivais : « Je ne sais réellement pas si cela sera un magistral monceau de conneries » ou « oh mon Dieu, cela va être un suicide professionnel pour tous les deux ! ». Les éditeurs savent se montrer psychologues, premiers secours contre la dépression artistique, plus que quiconque…

Le livre sera finalement en librairie, et je ne sais toujours pas si l’on en vendra plus de 5 ou 6 exemplaires ou si même cela intéressera quelqu’un. Tout ce que je sais c’est que cela a été vraiment fun, une expérience artistique où Enrique et moi avons réellement fait ce que l’on a voulu, avec la plus incroyable foi aveugle de la part de notre éditeur. Ce que je n’ai pas encore dit à François c’est que nous avons prévu de réaliser beaucoup d’autres albums noir et blanc, avec cet univers magique, rural et fascinant qu’on retrouve dans Le Signe de la Lune… à ma femme non plus d’ailleurs.